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Naître de quelques aréoles

Par Piotr Swiatoniowski.

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Peu d'Opuntias semblent avoir besoin de la greffe pour être multipliés. La plupart de ces plantes rustiques forment facilement de nouvelles racines à partir d'une simple bouture. Pendant très longtemps, Austrocylindropuntia malyana fut considérée incapable de se multiplier sans greffe; cette croyance erronée s'est cependant révélée ne concerner qu'un clone en particulier. Pourtant, il existe vraiment des espèces qui constituent une exception à cet égard dans la famille des Opuntioideae; l'une des plus difficiles à obtenir en raison de ces exigences liées à sa reproduction est la presque toujours solitaire Austrocylindropuntia pachypa. Cette magnifique espèce de la vallée de Chosica au Pérou est une singulière exception à la facilité de bouture des articles des oponces.

Dans ce cas particulier et dans le cas de certaines autres Opuntias de croissance lente, greffer un petit morceau avec seulement quelques aréoles s'avère la solution tout indiquée. Ce type de greffe, qui requiert très peu de matériel, est en général impossible à réaliser pour la plupart des cactus, mais dans le cas de nos Opuntias favorites c'est incroyablement facile. Plusieurs producteurs de cactus seraient tràs heureux si Geohintonia mexicana, Mammillaria pectinifera et autre raretés mexicaines pouvaient être multipliées de cette façon. J'ai mentionné précédemment avoir utilisé cette méthode avec Austrocylindropuntia pachypa et je m'en suis servi également pour multiplier quelques espèces à croissance lente comme Pterocactus hickenii f.skottsbergii; j'aimerais présenter quelques-unes de mes observations.

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Un morceau d'Austrocylindropuntia pachypa greffé sur un Opuntia ficus-indica. 2 of 3 aréoles ont commencé à pousser.
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Un morceau d'Austrocylindropuntia pachypa greffé sur un Echinopsis eyriesii. La croissance vient juste de commencer.

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Jeune plant d'Austrocylindropuntia pachypa obtenu à partir d'un morceau encore visible sur le porte-greffe (O. ficus-indica).
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Jeune plant d'Austrocylindropuntia pachypa greffé sur O. ficus-indica. Le petit morceau de départ est à peine visible à la base.

Austocylindropuntia subulata et Austrocylindropuntia cylindrica semblent être les porte-greffes les plus populaires pour greffer d'autres Opuntias. Cependant, ce ne sont pas les meilleurs porte-greffes lorsque nous désirons greffer seulement quelques aréoles; en effet, en raison de l'absence de points végé;tatifs sur la greffe, le porte-greffe donne plusieurs rejets qui entravent la croissance normale du greffon. Ce phénomène s'explique par le fait que les aréoles dormantes de la partie greffée - dont la croissance est plus lente que celles du porte-greffe - perdent l'émulation nécessaire pour activer prioritairement leur point végétatif, au profit des aréoles beaucoup plus rapides du porte-greffe. Ceci entraîne le ralentissement, ou encore l'arrêt, du processus de croissance. Bien sûr, on peut essayer de supprimer la plupart des aréoles du porte-greffe. Cela donne en général des résultats positifs, mais gâche l'apparence de la plante.

Pour un certain nombre de raisons, j'aimerais recommander Opuntia ficus-indica comme porte-greffe. Cette espèce bien connue, similaire à la plupart des Opuntias à articles plats, présente la particularité de rarement émettre de rejets après une greffe. De plus, Opuntia ficus-indica accueille la greffe trés facilement et peut vivre plusieurs années. Sa faible résistance au froid semble être son seul point faible, mais Austrocylindropuntia subulata ne résiste pas au gel lui non plus. D'après mes expériences hivernales, certains clones sont très sensibles au froid persistant et à des températures inférieures à 4°C ils meurent gelés.

L'idée principale de ma mêthode est fort simple. Tout d'abord, en utilisant une lame de rasoir, il faut détacher un petit morceau d'un plant que nous aimerions multiplier. Ensuite, il faut tailler le morceau en coupant un peu de chair, de sorte qu'il ne lui reste que 3 à 3,5mm de tissu mou sous l'épiderme et que les faisceaux vasculaires de chaque aréole du morceau (qui partent du faisceau central principal vers chaque aréole) soient visibles. Ainsi préparés, ils peuvent se lier à ceux du porte-greffe et les points végétatifs dormants cachés dans les aréoles matures peuvent devenir actifs.

Il est important de se rappeler que seules les aréoles pleinement développées peuvent former un segment caractéristique. Il faut réaliser que le morceau provenant de la partie non développée de la plante sera incapable de produire un article, comme cela se produit avec des boutures non développées après l'enracinement. Ce phénomène assez surprenant, qui se produit aussi bien chez les Austrocylindropuntia que chez les autres genres apparentés, mériterait une discussion particulière.

Le greffon d'Austrocylindropuntia pachypa prend quelques semaines à commencer à pousser, mais par la suite nous pouvons admirer notre nouveau plant. Jetez un coup d'oeil aux photographies ci-jointes puis essayez de multiplier vos propres spécimens.

J'aimerais ajouter que j'ai greffé un morceau beaucoup plus gros d'Austrocylindropuntia pachypa sur Hylocereus undatus. Malheureusement, ce porte-greffe à croissance rapide s'est révélé inapproprié pour greffer l'Austrocylindropuntia pachypa. Le nouveau segment est assez atypique et présente des symptômes similaires au manque de lumière. Ce qui est intéressant, c'est que la greffe a pris beaucoup plus de temps à commencer à pousser et que ce fut moins rapide que je ne l'avais prévu. En fait, la greffe s'est développée extrêmement lentement. Il se pourrait que d'importantes différences entre les hormones de croissance soient à l'origine de ce phénomène. Peut-être aussi est-ce en rapport avec les alcaloïdes trouvés chez Austrocylindropuntia pachypa, mais qui n'ont pas été rapportés chez Hylocereus undatus. Pour certaines raisons, l'expérience suivante, une greffe d'Austrocylindropuntia pachypa sur un sujet Pereiskiopsis spathulata, n'a pas réussi.

Mes sincères remerciements à Roger Moreton, qui m'a gracieusement fourni l'Austrocylindropuntia pachypa.
Texte & photos : Piotr Swiatoniowski
Merci a Christiane Tremblay (lebeau.tremblay@sympatico.ca) qui a aimablement traduit l'article de l'anglais vers le français (vous pouvez la contacter pour vos travaux de traduction).
Cet article est originellement paru dans la revue du Tephrocactus Study Group.


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