HISTOIRE D'EPIPHYTES
Voici l'histoire de quelques-uns de mes épiphyllum botaniques ou hybrides.
Mes premières acquisitions d'épiphyllum remontent à quelques cinquante ans. J'admirais ces cactus-orchidées, aux fleurs immenses, chez une amie qui m'invita, un jour, pour le goûter. Attirée par la gentillesse de sa maman, mais, aussi, par les plantes succulentes, je suis retournée plusieurs fois leur rendre visite. Un jour, elle m'offrit une bouture d'épiphyllum blanc. Près de dix ans ont passé avant d'en voir la première fleur. Les années suivantes il y eut deux, puis cinq, puis quinze très grandes et magnifiques fleurs blanc-jaunâtre qui paraissaient énormes. Cet épiphyllum m'enchantait à chaque floraison. J'imprimais alors de la pellicule pour en garder un souvenir durable. Aujourd'hui, en ce mois de mai, cet épiphyllum a plus de 25 boutons prometteurs. Je sais maintenant qu'il s'agit de l'Epiphyllum cooperi.
Ma plus proche voisine a toujours aimé les plantes. Elle possédait un épiphyllum dont les fleurs étaient rose-saumon. Je n'ai pas beaucoup insisté pourobtenir quelques boutures. Chaque année, la floraison est abondante car cet épiphyllum, aux grandes fleurs, est très florifère. Il fleurit à partir de janvier, parfois décembre, jusqu'à l'automne. Des boutons remontent, toujours avec la même vigueur. De nombreuses boutures ont égayé des collectionneurs ou de simples succulentophiles amateurs. Quelques « feuilles » ont 1,50 m de long. Aurais-je, un jour donné trop d'engrais ou serait-ce normal ? Il s'agit, je pense de l'Epiphyllum rose-praecox.
Lors de l'exposition de cactus à Paris, en l'été 1995, où, malheureusement, je n'ai trouvé personne à qui m'adresser, pour avoir quelques renseignements, en effet il n'y avait que des policiers dans la serre à cause des attentats possibles. Une femme est entrée et s'est approchée de l'un d'entre eux pour lui remettre des boutures d'épiphyllum botaniques. Ayant reçu d'un collectionneur, ce même jour, diverses boutures d'épiphyllum je me suis permise d'approcher et de proposer un échange. Je reçus « une petite feuille » dont je suivis attentivement la croissance. Durant neuf mois, je n'ai rien observé. « La feuille » était toujours bien verte, ce qui m'encourageait, mais, aucun signe particulier de reprise. Enfin, un petit point vert me réjouit. Il y avait tout de même du nouveau tout à coup. Vingt mois après avoir reçu cette bouture, « deux grosses feuilles » se sont développées qui ont, à présent, une taille 3 à 4 fois supérieure à celle de la bouture initiale et qui, ont, à leur tour de nouvelles petites feuilles d'un beau vert tendre. J'attends avec beaucoup d'impatience sa première floraison. Il s'agit de l'Epiphyllum oxypetalum. Celui-ci a une floraison nocturne.
Ayant acquis par correspondance un jeune Epiphyllum anguliger, celui-ci a pourri dans les semaines qui suivirent. J'en parlais au professionnel qui me l'avait vendu. Très gentiment, il me le remplaça. Malheureusement le second épiphyllum subit le même sort. Et ceci se produisit deux fois, successivement, deux fois, sur les mêmes taxons. Je me décidais, cependant, à conserver les parties saines, soit les deux pousses principales, bien raccourcies et deux autres très frêles, très courtes, trop jeunes. Après une attente de plusieurs jours, je plantais les quatre pousses. Quelle surprise ! Après avoir bassiner mes « convalescentes », mes quatre boutures ont repris. A leur tour l'année suivante elles ont produit de nombreuses pousses. Depuis les boutures ont dépassé de beaucoup la hauteur des premiers taxons, les sujets les plus forts en ont respectivement 5 et 3 ; les deux plus petits m'ont également donné de jeunes pousses qui pointent, bien droites, fièrement, leurs tiges.
Je clame aux amateurs d'épiphyllum que si les taxons restent verts il ne faut surtout pas désespérer. Patience, et tôt ou tard la réussite se concrétisera.
Un rassemblement, en Normandie, me permit de rencontrer des collectionneurs chevronnés et de visiter des collections très belles et très différentes. Cette occasion me permit d'acquérir un nouvel épiphyllum aux rameaux très épais, très dentelés, mais non arrondis comme celles de l'Epiphyllum anguliger. On me remit deux boutures qui furent très longues à démarrer, dont j'ai aussi surveillé, attentivement, l'évolution de la croissance. De longues pousses se sont ajoutées sur les deux taxons, ma plante a désormais une vingtaine de tiges mais je n'ai pas encore joui de la floraison rouge et blanche comme celle que j'ai pu voir chez Alain, mon sympathique donateur normand.
Le plus curieux, c'est ce que « m'offrit » mon mari, aujourd'hui excédé, par mes trop nombreuses succulentes. Ma collection de cactus est devenue trop importante à ses yeux. Il n'a pas tort. Ne m'aurait-t-il pas donné le virus lui-même ? Car c'est lui qui déposa, « dans ma corbeille de mariée » les plus grands épiphytes que je n'ai jamais possédés. L'Epiphyllum ackermanii, planté dans un grand fût, transportable seulement à l'aide d'une brouette. Son zygocactus lui, mesurait 1,50 mètre de large sur 1 mètre de profondeur. Ces dernières années ce zygocactus portait environ 600 fleurs à Noël : une cascade rose-violacé impressionnante. Un hiver, hélas, des rats s'installèrent dans le fût de l'Epiphyllum ackermanii, et saccagèrent complètement l'énorme potée. Il ne me reste plus aujourd'hui que des sujets de quelques années, simples boutures de cette plante géante.
Je ne m'en suis pas arrêtée là. Depuis, j'ai recherché des marchands et des collectionneurs d'épiphyllum. Des achats, des échanges ont eu lieu. J'ai maintenant de nombreuses épiphytes qui me viennent de Paris, de Fréjus, de Toulouse, de Quiberon et d'autres lieux encore. Je remercie tous ceux qui m'ont aidée à grossir ma collection et, à mieux connaître ces fleurs merveilleuses que nous réservent les épiphyllum hybrides. Ces fleurs aux coloris splendides et variés me ravissent chaque année. Quel plaisir chaque saison de redécouvrir leur floraison, dès les premiers mois du printemps. A tous, chers collectionneurs, je souhaite une aussi grande joie, avec vos succulentes et particulièrement vos plantes épiphytes.
Actuellement encore nos échanges entre collectionneurs vont bon train. Tout dernièrement une rencontre de collectionneurs de Senlis, Montataire, Etouy, villes et villages proches de chez moi m'a permis de recevoir des boutures de ces grandes fleurs que sont les épiphyllum hybrides. J'ai, à présent, quelques centaines de taxons et suis toujours heureuse de faire des échanges.
Jeanne VIZIER © 2005 |